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décalage caustique
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15 novembre 2008

Gored - Human

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Le goregrind est en général un genre assez limité, la plupart des groupes se contentant d'utiliser des quantités variables de gore et/ou de porno pendant qu’une petite minorité de tordus s’amusent à faire du cybergore, le tout en tentant d’être le plus repoussant et bas du front possible. Gored  ( à ne pas confondre avec l’insignifiant clone de Deeds of Flesh du même nom ) fait véritablement figure d’ovni dans cette scène de scatophiles cannibales cybernétiques.

Leur premier album Human (à ne pas confondre avec l’album du petit groupe underground Death) propose une vision bien personnelle du goregrind que le groupe qualifie d’ambient grind. Sous cette étiquette se cache une musique froide et un concept qui relègue l’être humain au stade d’objet d’étude, de chose inanimée observée et méthodiquement disséquée au long de 13 titres où assauts grind à base de voix pitchée inhumaine, batterie frénétique et basse distordue ( pas de guitare dans Gored, et cette absence ne se fait pas sentir tant le son de la basse est énorme ) laissent fréquemment place à des samples déplaçant l’auditeur dans une morgue et d’inquiétants passages ambiants.

Cette alternance est d’ailleurs la grande force du groupe et permet à la musique d’attaquer tantôt de façon frontale tantôt de façon plus cérébrale, pour repartir dans du lattage en règle quand il le faut. Ecouter ce human c’est un peu comme se retrouver dans un labyrinthe sombre que l’on sait remplis de spectres invisibles errant dans chaque couloir en émettant des sons inquiétants alors que l'on tente d’échapper à Jason Voorhees, le danger est partout, à la fois concret et intangible, unique et multiple, brutal et insidieux.

Ce duo allemand frappe donc un grand coup avec cet album prenant à contre-pied la scène dont ils font partie. Là où Gut instaure le malaise en traitant de déviances sexuelles terriblement humaines, Gored impose le malaise en déshumanisant le sujet. Là où rompeprop fait dans le délirant absolument fun, Gored est terriblement sérieux et austère. Là où les membres de County Medical Examiners se font passer pour des médecins, Gored joue une musique réellement clinique.

Human est un album marquant, une véritable expérience qui pourra repousser les moins ouverts d’esprit et Gored s’est trouvé une identité forte qui leur permettra peut être d’atteindre le statut de culte s’ils continuent d’être aussi talentueux dans l’art de faire comprendre à l’auditeur qu’il n’est qu’un tas de chair prêt à être découpé.

( Critique de michael Depriez/Epoxh of barbarity publiée initialement sur www.eklektik-rock.com

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  • Recueil de la sombre actualité de ce monde, vision osant le déphasage corrosif d'évènements parfois positifs, petits ratés de mère nature mais aussi modestes critiques de films qui giclent, de livres pour estomacs bien accrochés et de musique brutalisante
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